LACHE LÂCHE

Jeanne d’Arc repartit les mains vides, mais tendues tout de même, c’est ça qui compte.

Je me suis reservis plusieurs fois, et du vin plein les doigts j’ai pris un pinceau pour dessiner un corps de femme, nu sur un tabouret qui écarte les pieds.Jeanne d’Arc brûle au fond de mon verre. Pourquoi ne pas boire davantage encore, mais à l’envers ?
Théorie du coup de dès, c’est Nietzsche, imaginez que vous jettiez les dès et que la combinaison soit faible, mettons 1 et 3, le sort qui vous jette à la rue. Pour Nietzsche, il y a ceux qui font le bon score, ceux qui acceptent la défaite, et ceux qui changent les règles ; Le christianisme par exemple avec son « les premiers seront les derniers », ou notre société avec son « les médiocres seront les égaux ».

Toucher le fond, aiguiser sa douleur en arrêtant pas de s’ébranler le destin et sonder comme Marco Polo les abymes avec une ancre pour voir, savoir enfin, et connaître, le dire à tous le monde, oser savoir, daigner se noyer, saperer aude jusqu’où on a pied !
Je prends pas la pose, j’ai la dépression profonde, essentielle, le bide maigre et tant de choses à engraisser.
Il faudrait tout lacher ! Ne plus avoir peur de se mettre les doigts au fond de la gorge et gerber les derniers relents de lâcheté, vomir tous les hiers et manger de gros culs graisseux. Aidez-moi, putain, rien ne tient plus en place, et j’ai l’œsophage trop fin pour tous vomir à temps ! Pourtant l’anus est de la partie, il fait tout couler en merde, j’érige de babeliennes sculptures en caca pour honorer le monde, faire peur à dieu à coup d’étrons immondes. Si je pouvais je recracherais tout par des orifices inventés exprès, des portes, des hublots, des cloaques à souffler en flots touets les idées, les philosophies, les coupes de cheveux…

Je vais tout lâcher et épouser pour de bon la seule grande religion : celles de ceux qui souffrent sans raisons.