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16 janvier 2009

LE SUCRE ET L’ÉCRAN

Assis à mon bureau, deux ombres attirent mon attention. C’est au-dessus de moi, et ça bouge comme une palme. Vision d’Hono-Lulu ? Je vivrais à proximité d’un cocotiers et je ne l’aurais pas vu ? Un coup d’œil à l’arrière me prouve que je vis bien en milieu tempéré, voisin de tristes ficus et de vieux papyrus. Pourtant… le plafond persévère.

Ce sont des antennes. Rouges. Du bout vers l’embout,  je parcours ces deux tubes flasques que je découvre… plantés sur mon crâne. Consterné moi même de la fadeur littéraire proto-kafkaïenne d’une transformation insectoïde, j’écarte les pans de ma chemise pour contempler un torse rubicon et semi-velu dont la peau rêches m’évoque le fruit du mariage contre-nature entre un lézard et un porc-épic. Réaction cutanée ou contre-miracle satanique ? Je m’affaire, me tripote, et vient peu à peu au pas de doute : je suis une fourmis rouge.

Fatigué, un peu contri tout de même de me voir refuser sans préavis les portes de l’humanité, j’enroule autour de mon cou une écharpe qui glisse sur ma carapace et tombe sur le Lino noir de mon bureau. Mon collègue ne se moque pas, il est trop concentré sur son travail. Je m’engouffre dans le métro et prends garde à ne pas me faire écraser par tous ces gens charmants pour qui la ligne une est un chemin ardent. J’ai le blues : « Is life preparing anything good fourmi ? Yeah, yeah ! ».
Chez moi, j’ai plus que le cran de l’écran, m’affale en versant de l’eau et du sucre dans mon verre à dent, la brosse au fond de lavabo, qui gît schlinguant encore de l’odeur mon bec sans canines.

Qui a dit « Animal, on est mal » ?

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