COMPLOT D’ARCHITECTURE N°2

C_ N° 02 (deuxième expérience de philosophie géométrique) :
Dilemme d’escalier à la Sainte Bibliothèque
Et réponse véhémente mais amicale à un certain type qui se reconnaîtra.

La dernière paranoïa que j’ai couché vite fait comme on bâcle un plan cul, m’a valut une critique à laquelle je commencerai par dire « merde », pour ensuite signaler à cet homme auquel je n’avais rien demandé, et certainement pas de me critiquer de quelque manière que ce soit car je déteste cela, que mon texte était humoristique. Ce goujat professoral m’a en effet reproché de prendre pour argument l’architecture de Gibert pour asserter de la décadence représentée par la culture. « C’est pas sérieux comme argument » m’a-t-il dit. Je lui répondis et lui réponds encore que, en effet, ce n’est pas sérieux, et que s’il désire tant me parler de mon sérieux dégoût pour la civilisation, je le renvoie à la lecture de mon mémoire sur Jean-Jacques Rousseau qui s’intitule: « La Politique du Spectacle » et qui déchire grave la race de sa mère universitaire.
Qu’est-ce que tu veux ? Quand on ne m’aime pas, inutile d’attaques mes textes, autant aller directement au fait de ma dégoûtante personne. Mais je sais que c’est dur la vie sans humour, alors je vais insérer des notes dans mon prochain texte pour que tu savoure l’incomparable drôlerie d’un texte que j’écris comme on chie entre deux lecture pédantes. Et ne m’en veux pas, je ne fais que poursuivre l’élan d’une amitié qui pourrait bien devenir une véritable passion, si le cœur t’en dis…

Tu m’inspires ! Je suis aspiré par le vent de l’ambition qui me décoiffe à la romaine, la toge au vent et le glaive en proue. La révolution de la philosophie géométrique ne saurait attendre et ton exigence callipygeomotrice m’encourage à dévoiler mon poteau rose.

Prenons un nouveau cas qui nous concerne tous : les escaliers de la bibliothèque Sainte Geneviève.

Chaque matin, lorsque le jeune chercheur arrive dans ce lieu de perdition, un choix se doit faire qui n’a rien à voir avec le hasard. Emprunterais-je l’escalier de gauche, ou celui de droite, étant donné que les deux mènent au même endroit ? Dilemme ! Atermoiement ! Corneille où est-tu, professionnelle de l’éloquent tortillage de cul ?
Les facteurs à prendre en compte pour saisir l’étendu du problème sont colossaux, et l’observation du phénomène révèle une humanité guerrière, sectaire, que dis-je, tribale ! Soyons méthodiques.

Si d’une part, on admet que des éléments conjoncturels tel que l’encombrement ponctuel d’un côté de l’escalier, où serait négligemment assis davantage de gens, peut porter certaines personnes à emprunter l’autre côté, ou encore une distraction pure et simple de personnes inhabituées aux règles non-écrites de ce lieu de division religieuse, il faut admettre, d’autre part, que dès ce dilemme les comportements et les caractères se révèlent ! Certains cloportes ne sont-ils pas plus assidues dans les lieux encombrés de foule quand d’autres la fuient ?
Non seulement il est impossible de croire au hasard pour la répartition des montants et des descendants des escaliers de la bibliothèque Sainte-Geneviève, mais il faut affirmer, au contraire, qu’une telle division créera tendanciellement une différence visible à l’œil nu entre les gens qui montent à droite, et les gens qui montent à gauche. Comme dans la vie, on ne confondra pas le delta d’un cours d’eau et le tamis qu’y plonge le chercheur d’or, j’ose dire que l’escalier de la bibliothèque sépare le bon grain, de l’ivraie.
N’excluons pas la possibilité que certains sujets considèrent l’escalier que vous voyez à gauche plus propre à la montée et moins agréable à la descente. C’est l’effet « de circularité », phénomène qui ne nous intéressera pas directement étant donné que nous cherchons à nous concentrer sur la dimension sociologique, et discriminante de ladite construction.

Si vous donniez à des primates humains une boule rouge, et une boule bleue, cela suffirait à créer deux clans concurrents qui se disputeraient la rotondité la plus parfaite et la plus légitime. Ici, c’est pareil. Mais, avant de vous livrer mes conclusions, je dirais simplement qu’elles sont le fruit d’une longue observation qui ne saurait se prétendre scientifique, contrairement au début de cette missive.
La partie gauche, c'est-à-dire le côté droit lorsqu’on arrive dans la bibliothèque, est le coin des ringards, des coincés, des moches, des solitaires ou des greluches inséparables, on y trouve aussi les handicapés de la vie sociale, les gens qui portent toujours des anorak turquoise et les gens de l’autre côté, lorsque ceux-ci veulent téléphoner à un proche. Car de l’autre côté, c’est tendance, on y fait du droit, de la médecine de haute volée, on s’y donne rendez-vous pour y parler suffisamment fort pour que les tristes sires de l’autre côté entendent bien qu’ils sont de merdeux solitaires. Bref, c’est le coin cool, et le coin pluriel, tandis que l’autre côté est le coin des solitaires et des buveurs de café.

Et le milieu, me direz-vous ? C’est vrai, on peut s’y retrouver, pourquoi n’en ai-je point parler ? Je répondrais simplement que les histoires de centre et de milieux, c’est chiant comme Bayrou.

Moralité : après avoir prouvé que la culture était une décadence à partir d'un duel d'escaliers et d'escalators, je prouve que les êtres humains sont des sectaires et des conformistes-tribalistes avec seulement deux escaliers ! Je suis le MacGyver de la sous-philosophie, avec deux allumettes je peux prouver que l'art est inflammable, si tu veux !

PS : Désolé, je n'ai pas pris le temps de faire des notes pour souligner l'humour merdeux de ce texte pathétique, sle prochain coup, promis, je le fais.

Comments

[Q]

Je me fais la réflexion que c'est toi qui m'a inspiré cette analyse. Nous montions les escaliers et tu m'as un truc du genre : "Viens on prends à gauche en montant, l'autre côté je crois que c'est pour les ringards". Ironique bien sûr, mais au final finement perçu.

Bon courage pour jeudi.

[Ben]

On pourrait prouver cette théorie scientifiquement avec un bon niveau de preuve par une etude cas témoin prospective randomisée en double aveugle. Trés simplement. Et je me retrouverais certainement à l'issue de cette étude moi à droite et toi à gauche, mais avec un café!