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27 novembre 2008

COMPLOTS D’ARCHITECTURE N°1

C_ N° 01 : Gibert et la Mort des Jambes

Gibert

Vu de l’extérieur, on se contient. Rien d’effrayant. Trois larges portes de verres nous encouragent à rentrer dans ce Temple de la culture où l’on s’imagine, qu’ainsi que la lumière qui coule à l’intérieur comme le vin de mille vendanges, nous pourront ricocher, réverbérer, et rejoindre notre solaire origine. L’ambiance jaune contribue au lumineux acabit de la librairie de Saint-Michel. Entrez, c’est ouvert, rien à craindre. Et pourtant…
Sur les étagères grouillent des rangées de clapets fait de l’étoffe des arbres. Premier doute. A tout instant, le visiteur craint l’envol de ces rapaces, voraces malgré leur estomac chargé d’alphabets. Qu’à cela ne tienne, il s’avance et emprunte un escalator, puis un autre, puis un autre, puis encore un autre, et voilà qu’il est tout tout en haut, le bougre ! Dans le ventre de la bête, au rayon des livres les plus effrayants, les plus intimidants, dans l’intestin grêle de la culture où tout homme normalement constitué se fait chier. Ainsi, encore innocent, il émet le souhait de repartir.
Et c’est qu’il prend conscience du complot d'architecture, et que, inondant de larmes le stand « Capes de Mathématique », il comprend que rien en sera plus jamais comme avant.
Chez Gibert, si la montée se fait par escalators, la descente se fait par le biais d’escaliers normaux... SCANDALE ! Horreur ! Métaphore à peine dissimulée de l’horrible piège de la culture, cette irrémédiable décadence du cortex, et des excroissances servant à la marche. En effet, l’homme cultivé devient rachitique, entre ses livres et ses escalators, comment voulez-vous qu’il descende un escalier normal ?

Moralité : il ne faut jamais entrer chez Gibert, car comme toute forme de cultura dégénérative, après on est incapable d’utiliser ses jambes.

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