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31 octobre 2008

ANTOINE DÉCONNE

    Saint-Jean, l’illustre prophète machouilleur de champignon hallucinogène et auteur d’un court opuscule sur la fin des temps, coula tant d’encre noire sur nos destinés qu’aucun chansonnier apocalyptique ne su, à sa suite, déceler dans l’obscurité des trompettes de l’Apôtre les marques pourtant manifestes… d’une omission. Et ce n’est certes pas un Nostradamus ou un Paco Rabanne, trop occupés à s’emmancher la station Mir, qui aurait pu pressentir la terrible malédiction devant s’abattre sur le mois d’octobre de l’an de crasse 2008.
    Prépare toi lecteur, toi qui conservais, avec un optimisme béat, l’espoir de vivre jusqu’aux inondations et aux guerres civiles prévues pour février 2016, et apprends que la première lettre de l’alphabet de l’Apocalypse vient d’être extirpée des millénaires hectolitres d’une médiocre boue et se dresse, tel le couperet vengeur de la Révolution, dans le firmament médiatique de ces petits trous noirs qu’on appelle trous du cul, starlettes ou célébrités. Apprends aussi que le chantre de ce grand boum, médiocre chevaucheur de lieux communs à califourchon sur la connerie luciférienne et terreuse de 60 millions d’outres vides, a des canines et les dents longues et qu’à défaut d’être l’un des cavaliers de l’Apocalypse, Antoine De Caunes est à ranger, sans le moindre doute, parmi les pires démons contemporains :

Les Vélib’ du Jugement Dernier.
Rien que ça...

Car aujourd'hui j'aimerais parler de son film "Coluche, l'histoire d'un mec"

 

 

Ω

   
    Selon une stratégie fort connue des lecteurs de la Rhétorique d’Aristote, j’envisage de consacrer l’ouverture de ce que je n’ose qualifier du noble nom de pamphlet pour me contenter de parler humblement de fulminations dysorthographiques, par une réponse à un critique imaginaire. C’est avec délectation que je céderai à cette tentation du paranoïaque habitué à souffrir les prévisibles bredouillements des hordes de machines formatées qui ont depuis longtemps remplacées la grande majorité des êtres humains. En effet, nul besoin pour moi de parler à un de ces bandit-machots de la phrase toute faite pour leur décocher mes jackpots. Voici Ô créature, ce que tu me dirais :
    « Mais Q. pourquoi faire si grand bruit de la médiocrité ? Il te suffit d’éteindre la télé et d’ouvrir un bon bouquin ».
Aristote encore, et la mathématique, je répondrais à ce cuistre imaginaire d’un revers de page en cochant de quelques pets sa pensée sans souffle. Faut-il avoir la cervelle ointe et de combien de citernes d’huile pour glisser ainsi sur une telle évidence, comme quelque taulard gay jouant les patineurs artistiques sur les savonnette aux gingembres des plaisirs sodomites ?
    Ces grands pontes de l’intelligence éduquée qui forment généralement mon entourage amicale ont remplacé des aristocraties millénaires que j’estimais, pour ma part, moins dangereuses. Exemple, la Versaillaise, sur laquelle on postillonne souvent, tient ce mérite de ses illustres ancêtres de ne jamais rien prétendre et d’avoir avec la morale et la sainteté des rapports légitimement polaires. Vivant dans un monde ancien, ils ne partagent pas avec l’aristocratie intello-bobo, le suçage quotidien d’une morale chupa-chups qui ne sert, en définitive, qu’à faire croire en je-ne-sais-quelle perfection morale qui fait ressembler le bobo à un croisement entre Che Guevarra et Jean-François de Salles.
    Je coupe cours à la première digression que je viens d’apposer sur la digression qui me sert ici d’entrée en matière à l’introduction de cette nouvelle série sur l’alphabet de l’apocalypse, et entre dans le vif de la parenthèse : la médiocrité, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi « en faire grand bruit » ? Pourquoi m’affairer à poser sur le néant de la crétinerie moderne quelque cacophonies atrabilaires ?
    Tout simplement, parce que la médiocrité aime le silence. C’est par ce cousin-germain des plus soufflées flatulences que glisse le doigt vaseliné des tyrannies idéologiques, et les cohortes d’idées-dragées dramatiques à suçoter calmement pour rester con. Car, oui, le silence, cette « bête immonde » des masses abruties par Gérard Miller et sa clique 100% tête à claque, tout est perdu quand on s’y lance.
    L’aristocrate bobo fait mine d’ignorer la médiocrité de son époque, car elle lui profite ! Et c’est à cette instant, incroyable édifice qu’on retrouve inévitablement à ce moment de la conversation avec l’un de ces robots du lieux commun, qu’il vous assène le « t’as qu’à regarder ailleurs », le « moi j’regarde qu’Arte » phénoménal qui clôt pour lui le débat. Quand l’intello vous invite à fermer les yeux… L’ancienne aristocratie avait le mérite de traiter les gueux comme telles, et pas de faire semblant de les apprécier.
    Ne me dites pas que mon texte n’est pas clair, à aucun moment je n’ai caressé cet objectif populacier. Pas ce soir en tout cas.
Pygmée ! Moi, masochiste ? Les yeux ouverts au point d’aller voir le dernier film d’Antoine de Caunes alors même que n’importe quel crétin aurait su prévoir sa nullité ? Oui ! J’aime le SM. C’est comme ça.

Ω

Merde, mais Coluche, ce film, pas cet homme, qui me débecte déjà pas mal, a des airs de crimes contre l’aménité, impossible de sortir jouasse d’une séance ! Impossible aussi de savoir par quelle procédé alchimique seulement connu de lui, Antoine de Caunes a transformé l’amusant Coluche en moraliste soixante-huitreux.
    Le plus terrifiant dans cette macération lunatique du laid vers l’immonde ne réside même pas dans l’inanité quasi-totale de la réalisation, mais sans doute dans le ton générale du film et le révisionnisme céruléen qu’il instille à la France des années 80. Oui. Révisionnisme. Voilà. Pourquoi inventer des mots crétins si l’on ne peut, par une utilisation abusive, pisser sur son sémantisme jusqu’à l’envahir de mauvaises herbes ? Révisionnisme donc, je persiste et signe.
Antoine de Caunes réinvente le supplice du pal en glissant dans l’arrière-train des ultimes cadavres du socialisme à la française, une main qu’il aurait été préférable de consacrer à se gratter le cul ou à masser des verges. Le film donne l’impression d’assister à un spectacle de Guignol où des marionnettes archi-mortes se donnent la réplique. Quel magnifique stratagème, faire parler les cadavres dont on renie, encore et toujours, l’école ! Se cacher derrière l’ignoble pourriture d’un icône accidenté, chapeau ! Mais je comprends, il faut avouer que vingt ans de putréfaction ne sauront jamais faire atteindre aux dernières chairs desséchées du bide de Coluche le sommet de putréfaction et d’infectes odeurs d’une Ségolène Royal, ou d’un Besancenot. « Coluche » célèbre la sanctification du Clown cocaïnomane comme l’Eglise disposait naguère de ses Saints, en lâcheté posthume.
Demandons à Antoine ce qu’il pense de Dieudonné, pour voir s’il apprécie tant que ça la vrai « provoc’ ».
La récupération ne s’arrête pas à l’idéologie, mais aux faits d’histoires, et c’est tout juste si Giscard n’est pas soupçonné d’avoir trempé dans le blocage de Coluche aux élections. Pire encore, Coluche sabrant le champagne avec Jacques Attali, le remerciant de l’avoir ainsi entubé pour la gloire de la Rose, et de la rosette. Merde.
Et puis quoi encore ? Une fiente lâchée sur le cadavre, pourtant si frais, d’un homme aussi respectable et libre d’esprit que Raymond Barre. Coluche crevé devient un Saint, même 30 ans après, et Raymond Barre qui vient à peine de mourir, se fait gerber dessus direct. La grande classe…
Je ne saurais m’attarder plus avant sur ce grand festival vomitif de la bonne conscience réactionnaire sans défouler sur quelque petit animal la rage que cette pensée éveille en moi, je cesserais donc pour le moment.

Ω

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Commentaires
Q
Merci. Juste merci :D<br /> Quand va-t-on voir Cgo ?
G
Ouaou, je me suis dis que j'avais pas le temps de lire ton texte avant de partir au boulot, et arrivé à la fin j'ai pensé que ça devrait continuer. Il y a de quoi en faire un bouquin intéressant.
Q
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